> Tours-Bordeaux > Impressions
Le GR 655 est réputé pour sa facilité et la qualité de son balisage.
Il est facile parce que le terrain est très généralement plat. Mais la facilité d'un terrain ne se mesure pas seulement à l'aspect de son relief. Lorsque l'on s'engage dans une longue marche, la diversité des paysages atténue la fatigue d'un effort physique soutenu. La pensée se détourne de sa préoccupation immédiate (gérer l'effort) et se laisse distraire par la variété et la beauté des lieux. De ce point de vue, le GR 655 est sans la moindre concession... et c'est ce qui en fait toute la difficulté : de Sorigny, en Indre-et-Loire, à Pleine-Selve, l'entrée en Gironde, l'essentiel du paysage n'est qu'une succession monotone de champs de blé coupé, de champs de maïs et de tournesols à la "tête" baissée ; seule exception, de Saint-Jean-d'Angély à Saintes (Charente Maritime), soit une trentaine de kilomètres, où le GR mène souvent vos pas dans la fraîcheur des bois sur un trajet assez vallonné.
A part cette exception, il faut donc attendre l'entrée en Gironde pour remarquer une véritable transformation du paysage : en l'espace d'une heure de marche, pratiquement tout ce qui a précédé disparaît. Fini les champs de blé, de maïs et de tournesols fatigués sur une terre sans relief : les kilomètres qui suivent vous conduisent sur les coteaux arrondis d'une Gironde au goût de raisin. Car, ici, la vigne est reine : nous sommes dans le terroir du blayais. Et, au loin, à une cinquantaine de kilomètres, on aperçoit déjà l'estuaire de la Gironde.
Mais qu'il est long le chemin pour offrir, enfin, à vos yeux, la douceur de ces paysages que l'on n'espérait plus.
Heureusement, la monotonie du décor agricole est régulièrement interrompu par des hameaux, des villages et des villes où les vieilles pierres - souvent restaurées, parfois en ruine - inspirent à l'imagination l'Histoire qu'elles ont dû traverser. Mais au premier coup d'oeil, c'est l'image inhabituelle de ces formes architecturales qui vous marque : loin des standards des constructions modernes rectilignes. Bien sûr, les églises (chemin de Compostelle oblige) sont généralement mises en avant pour évoquer l'architecture romane. Mais les vieilles pierres vont bien au-delà, et une bâtisse "ordinaire" et séculaire a autant de charme qu'une cathédrale !
Le GR 655, de Tours à Bordeaux, vaut donc essentiellement par cette richesse du patrimoine architecturale.
Quant à la qualité du balisage, elle est indiscutable. Au point que les cartes (IGN ou autres) sont à peu près inutiles. Suivez simplement les traits blanc et rouge : ils vous conduisent à destination pratiquement sans erreur. J'ai cependant repéré de rares exceptions où le balisage est ambiguë ou insuffisant (j'ai dû prendre ma carte). Vous trouverez ces points noirs sur le tracé du GR (menu "les sentiers").
La Charente Maritime a même doublé ce balisage classique de bornes très visibles portant une coquille.
Vient, ensuite, la Gironde... où le balisage peut donner du fil à retordre !
Le soulagement d'avoir quitté les paysages ingrats des campagnes précédentes est vite oublié. Car c'est un balisage particulier qui vous attend : la flèche sur poteau en bois. En soi, la flèche vaut bien d'autres marquages... à condition d'indiquer, sans ambiguïté, la bonne direction ! Exemple... Juste après Pleine-Selve, lorsque vous approchez du bourg de Saint-Palais par la départementale 255 qui mène à Saint-Ciers-sur-Gironde, vous voyez un poteau fléché sur votre gauche qui semble vous indiquer de continuer sur cette route (attention : il y en a une autre à gauche)... Mal vous en prend : vous arrivez bien à Saint-Ciers-sur-Gironde, qui est à l'opposé de votre direction. Il fallait prendre l'autre route, vers Saint-Palais.
Je cite cet exemple parce que j'ai été pris d'un profond ruminement intérieur lorsque je suis, moi-même, arrivé à Saint-Ciers-sur-Gironde !... (il est vrai que je ne suis pas un adepte de la lecture des manuels et que je me fie beaucoup au marquage).
Pour ce balisage, vous trouverez donc les points noirs que j'ai rencontrés entre Pleine-Selve et Bordeaux, sur le tracé du GR (menu "Les sentiers").
Sur cette portion, la carte s'impose. Mais pas une carte IGN, puisqu'elle n'existe pas pour la partie girondine (la carte arrête le GR 655 à Petit Niort, en Charente Maritime ; c'est toujours vrai en 2010).
Dernière précision concernant le balisage girondin : les poteaux fléchés sont plantés de façon très visible pour un marcheur allant du nord vers le sud (sens habituel de marche du chemin de Compostelle) ; ils ne sont généralement pas plantés pour être vus dans l'autre sens, ce qui distingue encore ce balisage particulier du balisage classique.